Marquée par un paysage plat de prairies encloses de murets de pierres, qui se déploie entre l’anse Saint-Martin et le rocher du Calenfrier, la côte nord de La Hague constitue l’avancée la plus occidentale du Cotentin. La violence des vents y exclut la croissance des arbres. Les villages et hameaux sont accrochés à la falaise morte sur laquelle se détachent leurs silhouettes à toitures de schistes bleus. Des îlots (Greniquet, Rocher Gros du Raz, la Coque, etc.) et des écueils parsèment encore la mer.Quelques éléments se détachent du littoral comme le phare d’Auderville, le sémaphore de Jardeheu, le port de Goury, le port Racine, ou encore le port du Hâble.
Situé au niveau du Cap de la Hague, à l’extrémité ouest du territoire, Goury attire par ses airs de « bout du monde » et une histoire fortement liée au Raz Blanchard. Ses affleurements exposent aussi une histoire vieille de près de 500 Ma. Et, son bocage lithique souvent comparé à l’Irlande, repose sur des formations quaternaires issues de la dernière glaciation.
Un cordon de galets, témoin du dernier épisode de réchauffement, il y a 18 500 ans
Le cordon de galets de Goury est une formation naturelle dont le prélude a commencé il y a près de 20 000 ans. A cette époque, le niveau de la mer est environ à 120/130 mètres en dessous de l’actuel. Mais, vers -18 500 ans, le climat se réchauffe entraînant une remontée du niveau marin. Lors de sa remontée, aidée par les courants forts du Raz Blanchard, et la configuration abritée d’une anse délimitée par deux pointes rocheuses, la mer a entraîné dans son sillage de nombreux sédiments, parmi lesquels ces galets qui se sont ainsi accumulés.
Des prairies reposant sur des formations issues de la dernière glaciation, il y a près de 100 000 ans.
A l’arrière de ce cordon, les herbages clos de murets, en pente douce, reposent sur des formations quaternaires qui ont entre -115 000 et – 8000 ans. Ces formations recouvrent une ancienne plate-forme d’abrasion (ancien platier rocheux) et forment un glacis qui rejoint le plateau granitique.
Dans ces prairies, des mares abreuvoirs ont été creusées au fil du temps par les agriculteurs : il s’agit de mare permettant la remontée de l’eau douce pour abreuver les animaux. Ce réseau de mares fournit des conditions écologiques propices au développement des amphibiens en arrière du site de Goury notamment.
Au large, une île se détache
Il s’agit de l’île anglo-normande d’Aurigny. Située à près de 15 km du Cap de La Hague, elle est l’anglo-normande la plus proche des côtes françaises. Et c’est justement cette proximité qui est à l’origine d’un des plus puissants courants de marée d’Europe, le Raz Blanchard. Ce dernier peut avoisiner les 12 nœuds (22 km/h) lors des grandes marées d’Equinoxe. C’est donc en réponse à de multiples naufrages que le phare de la Hague ou phare de Goury a été édifié sur le rocher dit « Le Gros du Raz ». Sa construction s’achève en trois ans, en 1837. Mesurant près de 48 mètres de haut, il est bâti en granite de Flamanville. Electrifié en 1971, puis automatisé quelques années plus tard, les derniers gardiens l’abandonnent en 1990.